VĂ©roniqueLegaret : « Honorer la mĂ©moire de mon pĂšre ». 17 juin 2022. 0 commentaire. La Distillerie des Moisans se fait de plus en plus remarquĂ©e sur la place de Cognac. Elle cĂ©lĂšbre le week-end du 18 juin ses 60 ans. Câest une belle occasion de donner la parole Ă sa prĂ©sidente, VĂ©ronique Legaret.
Petits passages et anecdotes sur le mĂ©moire de mon grand-pĂšre Francisque, Jean, Joseph RICHARD nĂ© le 12 Octobre 1908 au Mansâ Ă©pisode 1 â En la nuit du 12 octobre 1908, vers les trois heures du matin, au numĂ©ro 110 du boulevard de la RĂ©publique, dans une piĂšce unique donnant sur une cour intĂ©rieure grossiĂšrement pavĂ©e Ă la clartĂ© jaunĂątre et prĂ©caire dâune lampe Ă pĂ©trole fumeuse et nausĂ©abonde, naissait, du ventre de Marie Mathieu nĂ©e RAGEOT, un gros bĂ©bĂ© hurlant que la sage-femme remit sans mĂ©nagement dans le tablier tendu par une voisine bĂ©nĂ©vole, Mme NICOLLE. Quand lâeffervescence fut calmĂ©e, les bassins vidĂ©s dans la rigole qui coulait devant la porte, la mĂšche de la lampe mouchĂ©e, lâeau Ă©pongĂ©e sur le carreau et la mĂšre enfin apaisĂ©e sur le lit de fer retapĂ© Ă la hĂąte, on reprit, afin dâen finir une bonne fois pour toutes, la vieille discussion sur les prĂ©noms Ă donner Ă lâenfant. Lâappellerait-on Julien, comme le grand-pĂšre maternel mort depuis une quinzaine dâannĂ©es ou Francisque comme cet homme Ă©mu et maladroit qui ne savait guĂšre quelle attitude adopter devant ce miracle dâune naissance qui lâintronisait pĂšre de famille, ou bien Alfred comme le cousin riche et Ă©ventuellement tutĂ©laire. Finalement ce fut sous les vocables de Francisque bien prĂ©ciser Francisque, Julien MATHIEU que le lendemain, sur les registres dâĂ©tat-civil de la Mairie du Mans Sarthe on inscrivit, il y a soixante-dix ans, celui qui Ă©crit ces lignes. Mais, trĂšs tĂŽt, pour me diffĂ©rencier de mon pĂšre quâon appelait dâailleurs communĂ©ment Franci, je devins Julien Mathieu. Cette intervention de prĂ©noms lĂ©gaux allait, plus tard, me valoir quelques mĂ©comptes dans mes rapports avec les diverses administrations auxquelles jâaurais Ă faire au cours de ma vie de citoyen. Pour lâheure, choyĂ© plus que de convenance par une mĂšre toujours inquiĂšte et une grande mĂšre maternelle certes plus cohĂ©rente dans les diagnostics dont elle sanctionnait mes colĂšres affamĂ©es ou mes apathies repues, je poussais, jeune plante vivace, Ă cause ou en dĂ©pit dâexcĂšs de soins et dâune Ă©touffante tendresse. Jâai retrouvĂ© dans mes archives familiales un ticket de pesĂ©e indiquant quâĂ cinq mois et demi, mon poids atteignait 7 kilos 200, ce qui nâĂ©tait pas si mal et dĂ©notait chez le sujet, une robuste santĂ©. NĂ©anmoins la moindre montĂ©e de tempĂ©rature, la plus lĂ©gĂšre accĂ©lĂ©ration du pouls que mon pĂšre, qui avait Ă©tĂ© infirmier durant son service en AlgĂ©rie, tĂątait au jugĂ©, les yeux au plafond, crĂ©ait dans la maisonnĂ©e, une dĂ©risoire panique. On ne lĂ©sinait pas sur les symptĂŽmes ; câĂ©tait la mĂ©ningite, le croup, la pneumonie quâon envisageait dâabord comme affection possible, sinon probable. Quand il Ă©tait lĂ , mon pĂšre courait Place de lâEperon chez le docteur Mordret qui mâavait pris en charge puis chez lâherboriste Mainguait, de la rue Nationale que ma grand-mĂšre sâentĂȘtait Ă appeler la rue Basse. Le mĂ©decin affirmait que je nâavais rien quâun gros rhume ou quâune petite indigestion et rĂ©digeait une ordonnance anodine. Le Mans â Place de lâEperon Quinze mois aprĂšs moi, me naissait une petite sĆur quâon prĂ©nomma Madeleine ; mais ma mĂšre avait dĂ©pensĂ© pour moi tant dâamour exclusif que ma sĆur fut toujours un peu lĂ©sĂ©e de tendresse. Elle avait un bon fond et nâen fut pas jalouse. Madeleine eut, durant les quarante annĂ©es quâelle vĂ©cut, une existence effacĂ©e. Le monde nâĂ©tait pas Ă sa mesure. Elle nây Ă©tait pas destinĂ©e. A vingt et un an, contre le grĂ© de notre mĂšre, elle entra au noviciat des franciscaines en la communautĂ© des ChĂątelets » prĂšs de Saint Brieuc. AprĂšs six mois, elle en revenait. Sa santĂ©, dĂ©jĂ fragile ne lui permettait pas de suivre la rĂšgle. Par la suite, elle contracta une sorte de mal de Pott aggravĂ© dâune hypertension incurable qui la traĂźna dâhĂŽpital en hĂŽpital, de maison de repos en centre hospitalier, jusquâĂ sa mort qui nous dĂ©sespĂ©ra longuement, ma mĂšre et moi. Je nâavais pas trois ans quand enfin, mes parents purent quitter le pauvre rez-de-chaussĂ©e oĂč jâĂ©tais nĂ© pour un logement plus dĂ©cent sis dans le quartier de la Gare. Les cinq que nous Ă©tions sây sentirait moins Ă lâĂ©troit. Il Ă©tait dâun aspect plus convenable. Ses abords avec, en face, bordĂ©e dâun long mur de pierre, une grande propriĂ©tĂ© oĂč dĂ©passaient des arbres imposants, Ă©taient plus salubres que la courĂ©e » qui mâavait vu naĂźtre. Mon pĂšre Ă©tait Ă vingt petites minutes du dĂ©pĂŽt des machines, son lieu de travail et ma grand-mĂšre, pas beaucoup plus loin de la vieille Ă©glise de la couture quâelle allait frĂ©quenter avec beaucoup de fidĂ©litĂ©. Le Mans â Eglise de la Couture SituĂ©e entre deux voies Ă forte dĂ©clivitĂ©, les rues de Bel-Air et de Wagram qui descendaient de lâavenue Thier vers le Bourg-BelĂ©, la rue de Navarin oĂč nous allions habiter durant une douzaine dâannĂ©es comptait, en sa premiĂšre partie lâautre se terminant de trois Ă quatre cents mĂštres plus loin sur la rue de Fleurus une quinzaine de numĂ©ros tous impairs. Notre logement qui portait le chiffre 9 Ă©tait, parmi dâautres Ă peu prĂšs semblables une de ces constructions locales quasi centenaires dĂ©nommĂ©es maisons mancelles. Au rez-de-chaussĂ©e, sur une cave Ă vasistas oĂč lâon entreposait le charbon et oĂč bricolait notre pĂšre, Ă©tait deux piĂšces. Lâune donnait sur la rue. Mes parents y couchaient dans des meubles modern-style achetĂ©s Ă crĂ©dit chez Dufayel. Au-dessus dâun crucifix au bĂ©nitier toujours vide pendait un Ă©trange tableau dans son cadre tarabiscotĂ© reprĂ©sentant une petite fille Ă la mode du troisiĂšme Empire. Un large accro crevait la toile Ă lâun de ses angles. Je nâai jamais su les origines de cette peinture dont, au surplus, nul dâentre nous ne se souciait. La deuxiĂšme piĂšce oĂč menait un corridor desservant lâentrĂ©e du logis, donnait dâautre part sur un jardin potager, on y venait par un perron Ă©gayĂ© des branches noueuses dâune odorante glycine. Dix marches de pierre usĂ©e permettaient dâaccĂ©der Ă une courette coiffĂ©e de vigne vierge, des moineaux piailleurs sây Ă©battaient aux beaux jours ; au fond du jardin trĂŽnaient » les cabinets, Ă©dicule campagnard qui chaque annĂ©e un curage dont le relent affectait toute une partie de la journĂ©e, lâentourage ; mais cette opĂ©ration sanitaire constituait pour nous, les gosses, une Ă©tonnante distraction. Le matin, attelĂ©e de deux chevaux placides, une machine Ă vapeur avec son lourd volant de fonte sa bielle aux mouvements presque humains, son piston au joli bruit de soie froissĂ©e et ses deux petites boules rĂ©gulatrices qui tournaient en sâĂ©cartant, se rangeait devant chez nous ; elle Ă©tait accompagnĂ©e du rĂ©servoir Ă vidange. EnclenchĂ©es Ă la base de lâĂ©norme tonne, des tuyaux enclavĂ©s lâun dans lâautre, formaient un long boa qui, par le corridor, la cuisine, le jardin, allait plonger sa gueule aspirante dans la fosse. Le mĂ©canicien avait mis en marche la pompe Ă vapeur et la puante opĂ©ration durait toute la matinĂ©e cependant que le servants, assis au bord du trottoir, mangeaient tranquillement et sans dĂ©goĂ»t leur casse-croĂ»te matinal ce qui nous Ă©tonnait bien peu.
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isde dicated to the memory of my grandfather Robert. thomas.quinot.org. thomas.quinot.org. M a mémoire la p lus vive de San Juan Capistrano était toute l'écriture au crayon griffonnée partout sur les murs de la chap elle : «Sa uvez mon grand-pÚre du c ancer. urantia-uai.org.