Auteurs français ► XXe siècle ► vous êtes iciAuteurs françaisFrancis Ponge1899 – 1988Sommaire Un poète du dimanche » La reconnaissance Gros plan sur Le Parti pris des choses 1942 Extraits du Parti pris des choses L’huître Le mimosa Le pain Le cageot Bibliographie Citations choisies Un poète du dimanche »Né à Montpellier, le 27 mars 1899, Francis Ponge fait des études de lettres, puis de droit. Il écrit ses premiers textes et travaille quelques mois comme secrétaire de fabrication aux éditions 1931, après son mariage, il entre comme salarié aux Messageries Hachette. Il se consacre à la poésie pendant ses moments libres. Après avoir fréquenté le groupe surréaliste, il adhère au Parti en 1937, après un violent mouvement de grève, il travaille comme employé d’assurance. Entré dans la Résistance en 41, il est un agent de liaison très actif, fréquente les écrivains combattants comme Éluard et Camus. Il publie, en 1942, son premier grand recueil, Le Parti pris des choses composé de trente-deux poèmes écrits entre 1924 et 1939.La reconnaissanceEn 1944, un article élogieux de Sartre vaut à Francis Ponge un début de notoriété. Il continue à publier tout en donnant des conférences pour l’Alliance française ; en 1949 paraissent les Proêmes, en 1952, La Rage de l’expression et en 1961, Le Grand Recueil. Les articles de Philippe Sollersℹ asseoient la réputation du poète. Lui-même publie, en 1965, un essai dans lequel il précise ses positions théoriques et revendique l’héritage des artisans de la langue et du verbe comme Malherbe. En 1984, c’est un poète désormais incontesté et célébré qui reçoit le grand prix de poésie de l’Académie Philippe Sollers De son vrai nom Philippe Joyaux, Philippe Sollers est un écrivain français né à Talence en Gironde le 28 novembre plan sur Le Parti pris des choses 1942Le titre du recueil est en même temps un manifeste. Francis Ponge a défini ainsi le principe de son écriture du Parti pris des choses c’est avant tout donner l’initiative aux choses, les laisser s’ s’agit pour lui de remplacer chaque objet par une formule » de langage qui lui soit exactement adéquate. Pour ce poète artisan, toutes les choses sont également dignes d’être exprimées ». C’est pourquoi le recueil s’attache à décrire des objets simples, quotidiens ordinairement ignorés par la tradition poétique. Le lyrisme n’y a aucune place, mais toute l’attention est portée à l’écriture. Ponge a d’ailleurs avoué sa prédilection pour les poètes classiques, comme Malherbe, épris de la pureté des formes. Dans ses poèmes, aucun mot ne figure au hasard ; il est choisi pour ses affinités graphiques ou sonores avec la chose qu’il doit un article célèbre, Jean-Paul Sartre a salué la naissance d’un poète phénoménologue ». Il célébrait la construction de ces courts poèmes qui mêlent indifféremment les êtres humains et les choses inanimées. Il reconnaissait à Francis Ponge le sens du fantastique moderne ». L’huître » est l’un des poèmes les plus célèbres du de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger sous un firmament à proprement parler de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’ Ponge, Le Parti pris des Choses, mimosaSur fond d’azur le voici, comme un personnage de la comédie italienne, avec un rien d’histrionisme saugrenu, poudré comme Pierrot, dans son costume à pois jaunes, le mimosa. Mais ce n’est pas un arbuste lunaire plutôt solaire, multisolaire… Un caractère d’une naïve gloriole, vite découragé. Chaque grain n’est aucunement lisse, mais formé de poils soyeux, un astre si l’on veut, étoilé au maximum. Les feuilles ont l’air de grandes plumes, très légères et cependant très accablées d’elles-mêmes ; plus attendrissantes dès lors que d’autres palmes, par là aussi très distinguées. Et pourtant, il ya quelque chose actuellement vulgaire dans l’idée du mimosa ; c’est une fleur qui vient d’être vulgarisée. … Comme dans tamaris il y a tamis, dans mimosa il y a Ponge, Le Parti pris des Choses, painLa surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d’éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, – sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de Ponge, Le Parti pris des Choses, cageotÀ mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot , simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme. À tous les coins de rues qui aboutissent aux Halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques, — sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir Ponge, Le Parti pris des Choses, Le Parti pris des choses 1942 Proêmes 1948 La Rage de l’expression 1952 Le Grand Recueil I. Méthodes » 1961 ; II. Lyres » 1961 ; III Pièces » 1962 Pour un Malherbe 1965 Le Savon 1967 Entretiens avec Philippe Sollers 1970 La Fabrique du Pré 1971 Comment une figue de parole et pourquoi 1977 Pratiques d’écriture Œuvres complètes, La Pléiade volume I janvier 1999 ; volume II août 2002 ; Gallimard, Paris. Pages d’atelier 1917-1982, 2005 ; Gallimard, Paris Ensemble de textes inédits.Citations choisies C’est par sa mort parfois qu’un homme montre qu’il était digne de vivre. Note sur les otages Il suffit d’abaisser notre prétention à dominer la nature et d’élever notre prétention à en faire physiquement partie, pour que la réconciliation ait lieu. Le Grand Recueil Comme de toute chose, il y a un secret du vin ; mais c’est un secret qu’il ne garde pas. On peut le lui faire dire il suffit de l’aimer, de le boire, de le placer à l’intérieur de soi-même. Alors il parle. En toute confiance, il parle. À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Le Parti pris des choses C’est surtout contre une tendance à l’idéologie patheuse que j’ai inventé mon parti pris. Poèmes C’est une grande composition digne du Véronèse pour l’ambition et le volume, mais qu’il faudrait peindre tout entière dans l’esprit du fameux Bar de Manet. Le Parti pris des choses Deux ou trois fois par jour… au milieu de ce culte, le courrier multicolore, radieux et bête comme un oiseau des îles, tout frais émoulu des enveloppes marquées de noir par le baiser de la poste, vient tout de go se poser devant moi. Le Parti pris des choses Le langage ne se refuse qu’à une chose, c’est à faire aussi peu de bruit que le silence. Proêmes Les choses les plus épaisses ne s’abordent pas sans subir quelque amenuisement… Le Parti pris des choses Mesdames et messieurs, l’éclairage est oblique. Si quelqu’un fait des gestes derrière moi qu’on m’avertisse. Je ne suis pas un bouffon. Le Parti pris des choses→ Autres citations de Francis connexes Auteurs du XXe siècle. Histoire de la France Le XXe siècle. Courants littéraires du XXe siècle Le Surréalisme, l’Existentialisme, le Nouveau roman. Lumière sur… Littérature et engagement au XXe siècle. L’Académie française. Suggestion de livresRecherche sur le site
L’huître » de Francis Ponge est un poème en prose issu du recueil Le Parti pris des choses publié en 1942. Chaque poème de ce recueil, ciselé comme un bijou, décrit un objet
L'huître L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger sous un firmament à proprement parler de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner. Francis Ponge - Le parti pris des choses 1942 I. Une écriture apparemment descriptive 1. Une description organisée en trois temps 2. Une démarche apparemment objective de objet » 3. Une recherche du détailII. Les caractéristiques d'un poème 1. Des jeux de sonorités 2. Des jeux sur le langage 3. Métaphore filée entre l'huître et le mondeIII. La symbolique du poème 1. L'ambigüité de la dernière phrase 2. Lecture rétrospective du poème selon cette signification symbolique I. Une écriture apparemment descriptive Cette impression est accentuée par le choix du poème en prose au lieu de la poésie versifiée, et par le titre même du poème. 1. Une description organisée en trois temps Le texte est construit en 3 temps = 3 paragraphes. - Premier paragraphe description extérieure de l'huître d'une apparence ». Description très générale. - Deuxième paragraphe on passe à une description intérieure de l'huître, comme l'indique les premiers mots du paragraphe A l'intérieur ». La description est aussi plus précise. - Troisième paragraphe description d'un élément particulier à l'intérieur de cette huître la perle. La particularité de cette description est marquée par les premiers mots parfois très rare ». Cette progression de l'extérieur vers l'intérieur et du général au particulier est également marquée par un raccourcissement de la taille des paragraphes. Francis Ponge focalise sur des éléments de plus en plus précis. Le premier paragraphe est constitué de plusieurs phrases 5, le deuxième est une seule longue phrase, et le troisième est une seule phrase courte. Elle est comparée à un galet » -> idée de solidité et de longévité. Ponge insiste sur la difficulté pour ouvrir l'huître apparence plus rugueuse » désagréable au toucher, il est difficile de s'en saisir. opiniâtrement clos » Solution pour l'ouvrir = solution en trois temps, donne l'impression d'un mode d'emploi cf. rythme ternaire marqué par les virgules. Il faut s'y reprendre à plusieurs fois ». Des instruments sont nécessaires torchon, couteau d'utiliser la violence pour ouvrir l'huître Les coups qu'on lui porte », utilisation d'une arme couteau. les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles » deux verbes exprimant une violence renforcée par l'allitération en [k] qui rappelle le son des coups. c Un intérieur rempli d'éléments hétéroclites Le fait que la description de l'huître faite par Ponge dans le second paragraphe ne soit constituée que d'une seule phrase avec beaucoup de juxtapositions insiste sur une sorte de difficulté pour définir la nature de l'intérieur du coquillage. L'expression tout un monde » est renforcée par à boire et à manger » double sens au sens propre signifie qu'il y a de l'eau et le fruit de mer et au sens figuré est une expression signifiant qu'on y trouve beaucoup de choses de qualité différente. Enumération d'éléments appartenant à des réalités diverses les cieux », une mare », le sachet », dentelle ». Caractère insaisissable de certains éléments - les cieux d'en-dessus s'affaissent sur les cieux d'en-dessous » il devient difficile de distinguer lequel est lequel, tout se mélange. - qui flue et reflue à l'odeur et à la vue » expression d'une mobilité qu'aucun sens se semble en mesure de fixer, ni l'odorat ni la vue. Juxtaposition de termes nobles et péjoratifs nacre », mare », visqueux et verdâtre », dentelle noirâtre » la dentelle est une matière noble mais l'adjectif noirâtre la dévalorise -> difficile de donner une valeur à l'huître. d La perle Le poème finit sur un paragraphe élogieux sur l'huître. La beauté perle », nacre » = l'intérieur de l'huître, orner » = fonction esthétique. La rareté très rare » superlatif, formule » = petite forme ce n'est pas abondant. 2. Une démarche apparemment objective de objet » Le poète énonce d'emblée ce dont il va parler L'huître » premier mot et titre du poème. Les deux premiers verbes = verbe être » il s'agit de déterminer une identité, de définir. Eléments propres à une définition la taille grosseur », la couleur blanchâtre », blancs », verdâtres », noirâtre », la consistance rugueuse », visqueux », la matière nacre ». L'énonciation montre une recherche d'objectivité - Tournures impersonnelles on peut », on trouve », s'y reprendre à plusieurs fois »... - Tournures se rapprochant d'une notice explicative il faut alors la tenir », se servir d'un couteau ».3. Une recherche du détail Précision au creux d'un torchon », couteau ébréché », marquent son enveloppe de ronds blancs »... Recours à des comparatifs de supériorité ou d'infériorité plus rugueuse », moins unie » -> caractérisation précise de l'objet. Description qui fait appel aux sens pour permettre au lecteur de se représenter au mieux l'objet dont il est question - La vue couleur », brillamment », blanchâtre », ronds blancs », vue »... - Le toucher rugueuse », ébréché », visqueux ». - Le goût à boire et à manger ». - L'odorat odeur ». - Et dans une moindre mesure, connotation à l'ouïe parler » Toutefois ces précisions restent souvent approximatives, comme le montre l'utilisation du suffixe âtre » blanchâtre », verdâtre » ou encore une sorte de ». Cependant, sous des apparences descriptives, ce texte présente les caractéristiques d'un texte poétique. II. Les caractéristiques d'un poème 1. Des jeux de sonorités - Des homéotéleutes figure consistant à répéter des finales de mots noirâtre », blanchâtre », verdâtre » qui fonctionnent presque comme des rimes. - Des jeux sur les allitérations et assonances En [k] les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles », Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe ». En [r] parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner ». En [s] les cieux d'en-dessus s'affaissent sur les cieux d'en-dessous ». En [v] et [f] + assonance en [u] visqueux et verdâtre » ..., flue et reflue à l'odeur et à la vue ». 2. Des jeux sur le langage Sur la polysémie à boire et à manger » huître comestible avec du liquide et du solide à l'intérieur, huître composé d'éléments hétérogènes. firmament » est un terme habituellement utilisé en poésie, nacre » exprime la pureté, mais ici le mot fait référence à la matière dont l'huître est constituée d'ailleurs le jeu sur le sens propre et le sens figuré est mis en évidence par l'expression à proprement parler » mise entre parenthèses c'est comme si le poète nous disait qu'il avait conscience d'utiliser un vocabulaire poétique, il précise car en général il utilise le langage poétique. Différentes figures de style présente dans le texte le rende poétique Oxymore brillamment blanchâtre » blanchâtre » connote un côté terne, non brillant. Personnifications c'est un monde opiniâtrement clos » l'opiniâtreté = persévérance, acharnement est une qualité humaine. un couteau [...] peu franc » connotation morale. leur gosier de nacre » l'huître n'a pas de gosier. Métonymie les doigts curieux » pour désigner la personne qui tente d'ouvrir l'huître. 3. Métaphore filée entre l'huître et le monde Cette idée est retrouvée explicitement à deux reprises dans le poème c'est un monde », et A l'intérieur l'on trouve tout un monde ». Il peut également être noté la présence de vocabulaire qui se rattache à l'idée de monde halos » qui sont des auréoles autour des astres, firmament » qui est la voûte céleste, les cieux » pluriel de ciel. A l'intérieur de ce monde se trouve une sorte de mer élément aquatique après éléments célestes une mare [...] qui flue et reflue » -> marée. Un monde où tout à l'air de s'entremêler - Les cieux » den dessus et les cieux » d'en dessous - Les cieux » deviennent une mare » - La mare » qui est en fait un sachet » Un monde en mouvement s'affaissent » mouvement vertical, flue et reflue » mouvement horizontal. => Transfiguration poétique du réel le réel est transformé en poésie, dès lors cette description devient symbolique. III. La symbolique du poème 1. L'ambigüité de la dernière phrase une formule perle » Premier sens = une petite forme apparaît comme une perle perle de l'huître. Deuxième sens le terme formule » peut signifier une formulation, ce que l'on dit. Ce sens paraît appuyé par la présence du mot gosier » appartenant au même champ lexical = partie intérieure de la gorge d'où sort la parole. Quelle serait cette parole ? - Ses caractéristiques la rareté très rare » mais aussi perle » = ce n'est pas un débit abondant, l'organe de celui qui parle est de nacre » = idée de pureté et de haute valeur la parole est précieuse, et cette parole sert à orner », c'est-à -dire qu'elle a un but esthétique. - Rareté + pureté + esthétique = caractéristiques de la parole poétique. - La perle serait donc en fait un poème le texte est donc une sorte d'allégorie sur la création poétique, l'huître qui produit la perle serait alors le monde poétique. 2. Lecture rétrospective du poème selon cette signification symbolique a Premier paragraphe la création poétique vue de l'extérieur L'insistance sur l'idée de fermeture monde opiniâtrement clos », rugueux », met en évidence l'hermétisme poétique pour les autres qui voient cela comme quelque chose de difficilement abordable. La difficulté pour ouvrir l'huître symbolise la difficulté d'entrer dans l'univers poétique pour quelqu'un qui n'est pas initié, mais cette entrée est possible à force d'efforts. Toutefois il y a une dévalorisation de ces tentatives d'intrusion - La connotation de violence on a l'impression que les "profanes" en poésie violeraient une sorte de refuge, d'ailleurs ils abîment l'huître par leurs tentatives d'intrusion puisque leurs coups ... marquent son enveloppe de ronds blancs ». - C'est parce que leur motivations sont mauvaises tout d'abord, on peut penser qu'ils cherchent absolument à s'approprier les secrets de cette création ils tiennent l'huître au creux d'un torchon » et simplement par curiosité doigts curieux » ou malveillance ou traîtrise couteau ébréché et peu franc ». - Mais beaucoup s'y coupent, s'y cassent les ongles » -> ils ne parviennent pas à rentrer dans cet univers poétique. b Second paragraphe le monde du poète à l'intérieur de l'huître Pour ceux qui arrivent à ouvrir l'huître, c'est-à -dire à comprendre la poésie, un monde entier s'ouvre à eux - Un monde caractérisé par le céleste, une dimension supérieure halos », firmament », cieux ». - Un monde riche, abondant, où tout se mêle mélange des sens, des couleurs, les choses n'ont plus une forme fixe, elles se transforment et se confondent -> un monde difficile à saisir, à définir. - on trouve [...] à boire et à manger » la poésie est capable de nourrir intellectuellement celui qui la comprend. Conclusion Le texte L'huître, de Francis Ponge, est donc bien un poème. Cela se ressent au fur et à mesure de la lecture et est confirmé par la dernière phrase. C'est une sorte de mise en abyme puisqu'il traite du processus de la création poétique et de la perception du monde poétique par les gens extérieurs. Toutefois, le travail poétique de Ponge ne suit pas tout à fait le même sens que d'autres poèmes il ne cherche pas à exprimer certaines idées par des images poétiques, il part avant tout de l'objet et ce sont les particularités de cet objet qui l'amènent à une symbolique, il se propose de voir l'objet sous un autre jour, mais en s'imposant toujours de partir de l'objet lui-même. Ponge donne à ce type de poème le néologisme de objeu » de objet » et jeu ». Le poète est différent des autres, le monde poétique est clos, difficile d'accès. Le poète est celui qui est capable de voir les différentes significations que peut avoir un objet.
FrancisPonge, « L'Huître », dans Le Parti pris des choses (1942) Commentaire composé Par Laurent FOURCAUT (IUFM de Paris) Introduction * L’œuvre poétique de Francis Ponge est une des plus importantes de la seconde moitié du XXe siècle. Une de ses caractéristiques majeures est sans doute qu’elle prend acte de la
Éditeur Gallimard Collection "Poésie" Quatrième de couverture L'huître L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. À l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger sous un firmament à proprement parler de nacre, les cieux d'en-dessus s'affaissent sur les cieux d'en-dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner. Biographie de l'auteur Né le 27 mars 1899 à Montpellier, Francis Ponge rencontre Jacques Rivière et Jean Paulhan et entre à l'Alliance française en 1952. Il a reçu le Prix international de Poésie en 1959 et ses divers recueils lui ont valu une audience de premier ordre, en particulier auprès de la jeune littérature. Francis Ponge est mort à Bar-sur-Loup le 6 août 1988. Retour à la liste des ouvrages Accès aux fichiers Mp3 Pour accéder aux fichiers Mp3 de cet ouvrage, il faut être adhérent au GIHP de Normandie. Si vous êtes adhérent, il vous suffit de vous connecter via votre "Nom d'utilisateur" et votre "Mot de passe" fourni par le GIHP de Normandie. Si vous n'êtes pas adhérent, vous pouvez en faire la demande via ce formulaire Pour en savoir plus sur les conditions d'adhésion, consulter la rubrique suivante Soutenir le GIHP de Normandie. Donneur de voix Nous sommes à la recherche de bénévoles qui aiment lire et souhaitent partager leur un essai de cinq minutes pour évaluer les qualités de votre voix, nous vous proposerons une formation à l'enregistrement de la lecture au format Mp3. Si vous êtes intéressé, n'hésitez pas à nous contacter. Le réseau national Soutenir le GIHP Devenez adhérent du GIHP, profitez des services de la BSR, il suffit d'être empêché de lire, inscrivez-vous auprès du secrétariat. À titre d'essai, un ouvrage enregistré vous est confié gratuitement pendant 1 mois, au terme de ce mois soit l'ouvrage est rendu sans autre formalité, soit l'adhésion est confirmée par le paiement du droit d'adhésion. AuteurFrancis Ponge Titre et date Le Parti pris des choses 1942 « L Culture Générale et Expression BTS 2015-2016 Thème 1 : Ces objets qui nous envahissent, objets cultes, culte des objets Fiche n°2 - Ponge Vocabulaire Auteur Francis Ponge Titre et date Le Parti pris des choses 1942 « L'huitre » et « Le pain » Type Poésie en prose Prose (NF) Forme ordinaire du discours